Lundi dernier au Seimas de la République de Lituanie, s’est ouverte, pour la première fois dans l’histoire du pays, la Conférence des Présidents des parlements de l’Union européenne.

La Présidente du Seimas Mme Loreta Graužinienė a souhaité la bienvenue aux participants et leur a fait remarquer que l’évènement se tenait dans la salle historique de l’Acte du 11 Mars où, il y a vingt-quatre ans, l’indépendance de la Lituanie avait été restaurée. Ensuite, la Présidente du parlement lituanien a invité tous les conférenciers à regarder un reportage vidéo sur la salle de l’Acte du 11 Mars.

M. José Manuel Barroso, Président de la Commission européenne n’a pu venir à la Conférence en raison de changements à son ordre du jour, alors il a adressé aux participants un message vidéo depuis Bruxelles. Dans son discours, il a noté que l’Europe se relevait après une récession. Selon le Président de la CE, « nous observons de nouveau une croissance économique et nous pouvons dire que la menace existentielle qui pesait sur l’euro est déjà derrière nous », mais il reste pourtant plusieurs défis à relever. « Le chômage des jeunes continue à être une catastrophe, dans certains États membres la situation est particulièrement difficile […]. Alors veillons à ce que la Garantie pour la jeunesse, l’Initiative pour l’emploi des jeunes et le nouveau budget, ainsi que le cadre financier pluriannuel nous permettent d’aboutir à des résultats que nous souhaitons mettre en place pour soutenir les jeunes »,  a déclaré M. Barroso.

 

 

Lors de la première séance de la conférence, les Présidents des parlements de l’UE se sont penchés sur le rôle des parlements dans la création du bien-être de l’Union européenne après la crise économique et financière.

Le Premier ministre lituanien M. Algirdas Butkevičius a fait la première présentation et a partagé ses idées sur le rôle des parlements nationaux dans la réduction du déficit démocratique, qui s’est surtout fait ressentir lors de la crise. « Le problème du déficit démocratique est aujourd’hui l’une des questions les plus sensibles dans la majorité des États membres de l’UE. Les dernières données Eurobaromètre sont plus que jamais attristantes : environ 66% des citoyens européens ne pensent pas que leur voix compte dans l’Union européenne. Ils estiment que les institutions européennes sont trop éloignées des citoyens, qu’elles sont peu responsables devant eux, et que les principes de fonctionnement de ces institutions sont trop compliqués et difficiles à comprendre. C’est pour ces raisons que dès aujourd’hui nous devons nous rappeler non seulement le rôle du Parlement européen mais aussi celui des parlements nationaux, en tant qu’institution de la démocratie représentative au niveau national », a soutenu M. Butkevičius.

En concluant, le Premier ministre lituanien a souligné : « Même si de grands chantiers nous attendent dans l’avenir, notamment la lutte contre le chômage des jeunes, le rééquilibrage entre offre et demande, la mise en place de leviers nécessaires pour stimuler la compétitivité des entreprises et la croissance économique, ou encore la création du marché énergétique commun, c’est en cultivant les valeurs européennes communes que nous aboutirons aux résultats escomptés mais aussi serons à la hauteur des attentes et de la confiance exprimées par les Européens. »

M. Miguel Angel Martínez Martínez, Vice-président du Parlement européen, s’est exprimé au nom de M. Martin Schulz, Président du Parlement européen, et s’est félicité du débat sur le renforcement du rôle des parlements nationaux dans le processus législatif de l’UE. « Je trouve que la meilleure façon pour un parlement national d’influencer le processus législatif européen, c’est d’exercer un contrôle sur son exécutif, autrement dit, sur son gouvernement. Le Parlement européen et les parlements nationaux sont des partenaires et pas des concurrents dans la course pour arriver à une Europe plus démocratique et légitime », a déclaré le Vice-président du PE au nom de M. Schulz, président du PE.

M. Martínez Martínez a fait remarquer que les décisions économiques affectant l’ensemble des États devaient « être correctement examinées au sein des parlements nationaux ». L’orateur a souligné qu’il était important de demander des comptes aux décideurs exécutifs. « Ce serait commettre une erreur considérable, si l’on niait le rôle que le Parlement européen et les parlements nationaux jouent en matière de contrôle démocratique.  Les parlements et les partis politiques doivent agir de manière responsable », a souligné Miguel Angel Martínez Martínez.

De son côté, M. Mogens Lykketoft, Président du Folketing du Royaume du Danemark, s’est focalisé sur le chômage en Europe et les problèmes y liés.

 « Malgré le fait qu’il existe aujourd’hui des signes de reprise économique, certains États membres de l’UE restent confrontés à des difficultés. Il existe toujours 26 millions de chômeurs en Europe. Il y a un groupe qui est particulièrement touché par la crise : ce sont les jeunes. La question clé est donc de savoir comment intégrer plus de jeunes sur le marché du travail. Et nous devons le faire immédiatement. En janvier 2014, 5,6 millions de jeunes âgés de moins de 25 ans étaient au chômage au sein de l’UE. Les taux les plus élevés ont été observés en Grèce, avec 59%, et en Espagne, avec 55%. Nous risquons en fait de perdre une génération entière de jeunes gens qui ont bénéficié d’une bonne formation mais qui souffrent du chômage à long-terme et choisissent souvent l’émigration », a souligné M. Lykketoft.

L’orateur a aussi estimé  que l’Union européenne avait apporté une réponse appropriée à la crise en mobilisant plus de 700 millions d’euros pour sauver les pays frappés par la crise. « Mais comme je l’ai déjà dit, nous devons soutenir la reprise en prenant des distances par rapport à la réponse à la crise qui repose uniquement sur des mesures d’austérité. Il faut améliorer la compétitivité de l’Europe en investissant dans une meilleure éducation et une politique du marché du travail proactive. C’est la seule manière de rendre l’espoir à plus de 26 millions de chômeurs en Europe », a déclaré le Président du Folketing du Royaume du Danemark.

La Conférence des Présidents des parlements de l’Union européenne est le dernier et l’un des plus grands événements de la dimension parlementaire de la présidence lituanienne du Conseil de l’UE. La Conférence est traditionnellement organisée par le parlement de l’État membre à la barre de l’UE au second semestre de l’année, juste après la fin de la présidence (dans la première moitié de l’année suivante). Ainsi, la Lituanie passera le relais de la présidence de la Conférence des Présidents à l’Italie qui organisera la prochaine réunion des Présidents des parlements de l’UE au printemps 2015.

La Conférence des Présidents des parlements de l’Union européenne est diffusée en direct sur la chaîne nationale «  LRT Kultūra », sur la télévision du Seimas « Seimas en direct », sur le site Internet du Seimas et sur le site Internet de la dimension parlementaire de la présidence lituanienne du Conseil de l’UE.

 

 

Monika Kutkaitytė

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